23/07/2025

Les cépages étrangers en Belgique : challenges, réussites et perspectives

Une question de terroir : pourquoi introduire des cépages étrangers ?

La recherche de cépages étrangers en Belgique s’explique en partie par son climat si particulier. Comme vous le savez, notre pays est situé dans une zone de climat tempéré océanique, avec des étés frais et des hivers souvent humides. Pendant longtemps, ces conditions semblaient peu favorables à la viticulture, mais l’évolution climatique récente change la donne.

Face à cette transformation, les vignerons belges se posent des questions clés : quels cépages s’adaptent le mieux aux températures en hausse ? Les cépages réputés pour réussir dans des régions aux conditions similaires, comme en Allemagne ou en Angleterre, pourraient-ils produire des vins de qualité en Belgique ? Ces réflexions stratégiques encouragent des essais. Ce type d’innovation viticole permet également de diversifier l’offre et d’étendre les horizons gustatifs proposés aux consommateurs.

Les cépages blancs : terroir et latitude en harmonie

Les conditions fraîches et humides de la Belgique favorisent naturellement les cépages blancs. C’est ici que les vignerons belges ont parfois trouvé leurs plus belles réussites avec des cépages étrangers.

Le chardonnay : un succès quasi immuable

Impossible de parler de cépages étrangers en Belgique sans évoquer le chardonnay. Originaire de Bourgogne, ce cépage est aujourd’hui cultivé dans le monde entier, notamment dans les climats frais, où il exprime des arômes vibrants et une acidité marquée. En Belgique, il constitue l’une des bases principales pour la production de vins effervescents, souvent comparés au champagne.

Avec le chardonnay, les vignerons belges exploitent à merveille les sols calcaires du Hainaut et de la Hesbaye ainsi que le climat tempéré. Le résultat : des cuvées élégantes où les arômes de pomme et de poire se mêlent à des notes d’agrumes, avec une belle minéralité à la clé. Preuve de sa réussite, le chardonnay est régulièrement primé dans les concours internationaux de vins.

Le riesling : un potentiel en devenir

Autres essais prometteurs : ceux réalisés avec le cépage riesling, emblématique des vignobles allemands et alsaciens. Ce cépage apprécie les climats frais et les sols bien drainés, comme ceux que l’on peut trouver dans certaines régions viticoles belges.

En Wallonie, plusieurs domaines, notamment dans le Brabant wallon et en province de Liège, se sont lancés dans sa culture. Le riesling y donne des vins vifs, avec des notes d’agrumes et une grande fraîcheur. Bien qu’il ne soit pas encore aussi répandu que le chardonnay, son potentiel est indéniable.

Les cépages rouges : un défi plus complexe

Si les cépages blancs semblent s’épanouir facilement sous nos latitudes, les cépages rouges, quant à eux, posent des défis plus complexes. Le climat belge réduit souvent le risque de surmaturation des raisins, mais il peut également limiter le développement des arômes puissants qu’affectionnent certains cépages rouges.

Le pinot noir : la star fragile

Le pinot noir, cépage noble de Bourgogne, est depuis longtemps tenté en Belgique. Il est considéré comme complexe à cultiver, notamment en raison de sa sensibilité aux maladies et de son besoin d’une longue période de maturation. Pourtant, dans des régions comme la Hesbaye ou le Hageland, ce cépage peut donner des résultats remarquables.

Les pinots noirs belges se distinguent souvent par leur finesse, avec une palette aromatique axée sur les fruits rouges (cerise, fraise). Cependant, les années où l’été est trop frais ou pluvieux, les rendements peuvent être difficiles à maîtriser et la qualité plus aléatoire.

Le regent : un cépage résistant et audacieux

Moins connu mais tout aussi intéressant, le regent s’impose doucement comme l’un des rouges les plus adaptés au terroir belge. Développé en Allemagne, ce cépage est apprécié pour sa résistance aux maladies et sa capacité à produire des vins fruités, même dans des climats frais.

Le regent permet à plusieurs domaines belges d’offrir des vins rouges accessibles, au fruité croquant. Il est parfois utilisé en assemblage pour apporter une touche de rondeur et d’intensité.

Les cépages hybrides : une solution face au changement climatique ?

L’adoption des cépages hybrides fait également partie des démarches exploratoires menées par les vignerons belges. Ces cépages, souvent issus d’un croisement entre une variété européenne (Vitis vinifera) et une variété américaine, présentent des traits intéressants pour la Belgique : meilleure résistance aux maladies, maturité plus précoce et adaptation à des climats variables.

Le solaris : un précurseur lumineux

Le solaris est sans doute l’un des hybrides les plus populaires en Belgique. Originaire d’Allemagne, il bénéficie d’une maturité précoce qui convient parfaitement au climat belge. Ce cépage est principalement utilisé pour produire des vins blancs secs, aux arômes floraux et fruités.

De nombreux domaines, tant en Flandre qu’en Wallonie, ont adopté le solaris afin de répondre à la demande croissante de vins durables et à faible empreinte carbone.

Les atouts et limites de l’approche belge

Si la Belgique brille par son audace dans l’exploration des cépages étrangers, cette démarche n’est pas dénuée de défis. Les vignerons doivent composer avec des conditions climatiques encore capricieuses et des contraintes techniques, comme la gestion de l’acidité ou la lutte contre les maladies de la vigne. Toutefois, l’expérimentation permet aussi au vignoble belge de se diversifier et d’afficher une identité propre, mêlée à des influences internationales.

L’avenir : quels cépages encore expérimenter ?

Quand on parle de cépages étrangers, l’imagination des vignerons belges ne connaît pas de limites. On peut d’ores et déjà évoquer d’autres pistes à explorer. Pourquoi ne pas tenter des cépages italiens comme le nebbiolo ou l’arneis, habitués aux sols calcaires ? Ou encore des variétés portugaises comme le touriga nacional, réputé pour sa richesse aromatique et sa capacité à survivre dans des climats diversifiés ?

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : le vignoble belge est en pleine effervescence, et chaque nouvelle tentative contribue à élargir les horizons de ce territoire viticole qui n’a pas fini de nous surprendre.

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