26/07/2025

Les secrets derrière le choix des cépages des vignerons d’aujourd’hui

Une réflexion dictée par le terroir

La première étape dans le choix des cépages, et certainement la plus importante, est ancrée dans la notion de terroir. Chaque vignoble est une mosaïque unique de sols, de climats et de microclimats, qui impose ses contraintes mais aussi ses opportunités. Un cépage qui s’épanouit sur un sol argilo-calcaire bordelais ne réagira pas nécessairement de la même manière sur un sol sablonneux en Flandre !

Le rôle du sol

Le type de sol joue un rôle déterminant dans la qualité et le style de vin qu’un cépage peut produire. Par exemple, les sols calcaires favorisent souvent des vins élégants avec une belle acidité. En Belgique, les sols limoneux et argileux sont particulièrement répandus, bien que des parcelles de graviers ou de schistes existent aussi, notamment dans les zones vallonnées de Wallonie.

Les vignerons modernes emploient parfois des analyses de sols sophistiquées pour identifier les proportions de minéraux (argile, sable, etc.) et choisir les cépages les plus adaptés. Certains privilégient même le bio-indicateur naturel : ils observent les plantes sauvages poussant sur une parcelle pour comprendre la nature des sols !

Climat et choix des cépages

Le climat influence fortement le potentiel qualitatif d’un cépage. En Belgique, nous sommes dans une zone de climat tempéré océanique, avec un réchauffement climatique qui modifie la donne. Les journées ensoleillées se multiplient et les gelées printanières tendent à reculer, ce qui ouvre des opportunités pour les cépages plus tardifs comme le pinot noir ou le chardonnay. À l’inverse, certains cépages précoces comme le müller-thurgau, autrefois star des vignobles septentrionaux, perdent du terrain car leurs acidités exacerbées ne sont plus aujourd’hui autant recherchées.

Les cépages hybrides, une réponse aux contraintes d’aujourd’hui

Ces dernières années, la Belgique viticole – comme d’autres régions du monde – s’intéresse de plus près aux cépages hybrides. Mais qu’est-ce qu’un hybride exactement ? Ce sont des cépages issus du croisement entre une variété européenne, généralement , et une variété américaine ou asiatique, souvent plus résistante aux maladies et aux conditions extrêmes.

Limiter l’usage des produits phytosanitaires

Les cépages hybrides comme le solaris, le muscaris ou encore le johanniter présentent l’avantage d’être naturellement résistants à des maladies comme le mildiou ou l’oïdium, deux fléaux récurrents pour les vignerons septentrionaux. En réduisant drastiquement le besoin de traitements phytosanitaires, ces cépages s’inscrivent parfaitement dans une démarche de viticulture durable. De quoi séduire de plus en plus de vignerons belges, soucieux de produire en respectant l’environnement.

Une opportunité climatique

Pour les vignobles belges, les cépages hybrides apportent également une réponse pragmatique face aux évolutions climatologiques. Certains hybrides supportent mieux les épisodes de sécheresse ou d’intense humidité, un atout pour sécuriser les rendements et la qualité des raisins en cas d’année difficile. Par exemple, le bronner, un autre hybride populaire, pousse bien dans des conditions variées tout en maintenant une jolie aromatique.

Le défi des goûts du marché

Au-delà des aspects techniques, choisir un cépage répond aussi à des considérations commerciales. Quels vins le consommateur local ou international attend-il de découvrir ? Quelles saveurs ou quel profil aromatique est aujourd’hui en vogue ?

En Belgique, les producteurs de vins effervescents connaissent un franc succès grâce à l’utilisation de cépages classiques comme le chardonnay et le pinot noir, modelés selon la méthode traditionnelle champenoise. Mais les rouges belges, souvent plus confidentiels, ont aussi leur lot d'adeptes parmi les amateurs curieux, avec des cépages comme le regent, qui donnent des vins gourmands et accessibles.

Observer les tendances mondiales

Un vigneron avisé ne pense pas uniquement local mais suit également les tendances internationales. Le renouveau des cépages autochtones (bien qu’ils soient rares chez nous) ou le succès des vins nature influent sur les choix de plantation. Certains choisissent même de planter des cépages méconnus, comme le souvignier gris, pour se démarquer sur le marché.

La touche personnelle du vigneron

Enfin, le choix des cépages reste souvent une affaire de cœur. Chaque vigneron porte une vision et une identité propres qu’il souhaite exprimer dans ses vins. Certains privilégient des cépages au potentiel aromatique complexe, d’autres misent sur des variétés résistantes pour garantir une efficacité agricole maximale.

Cette dimension humaine, empreinte de passion et de créativité, fait tout le charme du vignoble belge. Qui aurait cru qu’un vin 100% cabernet blanc pourrait voir le jour sous nos latitudes ? Et pourtant, certains défricheurs osent l’expérimentation, revendiquant une viticulture audacieuse, en dehors des sentiers battus.

Crimes œnologiques ou vision d’avenir ?

Pour conclure cette exploration, il est clair que les choix des cépages faits par les vignerons belges reflètent une remarquable diversité, mais aussi un certain pragmatisme. Aujourd’hui, les innovations dans le vignoble répondent à des contraintes bien réelles : les défis climatiques, les attentes des marchés, et une exigence toujours plus pointue en matière de durabilité.

Ces choix façonneront non seulement notre paysage viticole, mais aussi notre image à l’international. Alors, la prochaine fois que vous dégusterez un chardonnay pétillant ou un régent rouge belge, gardez en tête tout le cheminement, technique et humain, qui rend cette expérience possible.

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