Le pinot gris, également connu sous le nom de grauburgunder en Allemagne ou pinot grigio en Italie, est une mutation du pinot noir. Malgré des raisins d’une teinte grise, presque rosée, il donne des vins blancs avec une belle intensité aromatique. On l’apprécie pour ses notes typiques de fruits mûrs comme la pêche, la poire ou l’abricot, parfois accompagnées de nuances épicées ou miellées.
Originaire de Bourgogne, il s’est fait une place de choix en Alsace et dans le nord de l’Italie, où il brille pour sa polyvalence. Mais qu’en est-il dans les climats plus frais, comme celui de la Belgique ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nos latitudes belges ne sont pas un obstacle insurmontable pour cultiver ce cépage. Au contraire, elles lui confèrent une fraîcheur et une vivacité intéressantes, idéales pour contrebalancer une richesse qui pourrait être excessive dans des régions chaudes.
Les sols belges, souvent composés de calcaire, d’argile ou de sables limoneux, se révèlent particulièrement adaptés au pinot gris. Ce cépage aime des terroirs bien drainés, une caractéristique que l’on retrouve dans plusieurs régions viticoles belges comme le Hageland ou le Pays de Herve.
Autre atout : le réchauffement climatique. Bien que ses effets soient inquiétants à bien des égards, pour un pays comme la Belgique, il ouvre de nouvelles perspectives viticoles. Les températures plus élevées et les étés plus ensoleillés offrent désormais des conditions plus stables pour la maturation des cépages comme le pinot gris.
Plusieurs domaines belges se sont déjà lancés avec succès dans la production de pinot gris. Voici quelques exemples de cuvées à découvrir pour mieux comprendre le potentiel du cépage chez nous :
Ces producteurs ne sont que quelques exemples parmi d’autres qui prouvent que le pinot gris peut offrir des vins authentiques et qualitatifs sous nos latitudes.
Le chardonnay reste, de loin, le cépage blanc le plus célèbre au monde et son implantation en Belgique est en plein essor. Mais le pinot gris propose une alternative intéressante à ceux qui recherchent plus de rondeur et d’opulence, avec une aromatique fruitée parfois beaucoup plus marquée que le chardonnay.
Alors que le chardonnay belge évoque souvent des agrumes, des fleurs blanches et une belle minéralité, les expressions du pinot gris offrent du fruit jaune et des épices, apportant de la diversité et une touche plus exubérante.
Le riesling — largement sous-représenté en Belgique, contrairement au Luxembourg voisin — est un cépage blanc qui partage avec le pinot gris un certain attrait pour les climats frais. Cependant, leurs approches diffèrent radicalement. Là où le riesling belge tend à produire des vins nerveux et précis, le pinot gris excelle dans des expressions plus riches et veloutées.
Ainsi, ces deux cépages peuvent coexister et séduire des palais très différents.
On le sait, la Belgique s’impose de plus en plus comme un grand pays de bulles. Les vins mousseux de notre pays rivalisent parfois avec les champagnes. Le pinot gris, quant à lui, reste marginal dans cette catégorie. Cependant, quelques vignerons curieux ont tenté l’expérience d’utiliser ce cépage pour des vins effervescents, donnant des résultats surprenants avec davantage d’arômes fruités qu’un assemblage classique dominé par le chardonnay et le pinot noir.
Malgré de belles réussites, le pinot gris n’est pas sans défis dans notre pays :
Si vous êtes curieux de diversifier vos horizons viticoles, donner une chance au pinot gris belge est une évidence. En dégustant ces vins, vous découvrirez un cépage capable de jouer sur plusieurs registres : des vins vifs et fruités parfaits pour les apéritifs d’été, aux expressions plus complexes idéales pour accompagner des plats gastronomiques. Je recommande d’essayer cette association gourmande : un pinot gris belge avec une volaille rôtie aux pommes et aux épices, ou encore avec un fromage de chèvre légèrement affiné.
Le pinot gris a le potentiel d’occuper une place unique dans le paysage viticole belge. Il peut offrir une expression plus libre et audacieuse par rapport aux cépages blancs traditionnels, tout en enrichissant l’identité variée de nos vignobles locaux.
Alors, le pinot gris peut-il rivaliser avec les cépages classiques en Belgique ? Si l’on considère les efforts des vignerons, les conditions climatiques de mieux en mieux adaptées et le talent belge pour innover, la réponse ne fait aucun doute : oui. Bien sûr, il faudra encore du temps pour que ce cépage gagne ses lettres de noblesse et soit plus largement reconnu, mais les bases sont solides. Qui sait, dans quelques années, le pinot gris belge pourrait bien devenir un incontournable des tables… belge et au-delà.