Le pinot noir est réputé pour sa sensibilité : difficile à cultiver, il exige une attention de chaque instant de la part des viticulteurs. Il réclame des conditions précises et un climat relativement frais pour exprimer tout son potentiel, mais aussi pour conserver sa précieuse acidité et ses tanins modérés. Cela tombe bien : la Belgique, avec ses températures modérées et son climat continental humide, se prête de mieux en mieux à cette culture, notamment avec les évolutions liées au réchauffement climatique.
Les vignobles wallons, par exemple, bénéficient de sols souvent calcaires, rappelant en partie les terroirs bourguignons. En Flandre, certaines zones investissent des sols sablo-limoneux, qui conviennent également au pinot noir. Ces caractéristiques géologiques et climatiques permettent au cépage de répondre à ses besoins fondamentaux.
Depuis vingt ans, la superficie plantée en cépages rouges a nettement augmenté en Belgique, même si elle reste minime par rapport aux cépages blancs et effervescents. En 2022, les statistiques de l’Observatoire belge du vin montrent que le pinot noir représente environ 25 % des plantations de cépages rouges du pays. Ce chiffre est d’autant plus frappant quand on sait que le merlot et le cabernet sauvignon ne se trouvent majoritairement que sur de petites parcelles expérimentales.
L’intérêt pour le pinot noir est devenu stratégique pour les domaines viticoles belges, car ce cépage bénéficie d’une reconnaissance internationale et d’une forte demande commerciale. Les producteurs belges souhaitent ainsi capitaliser sur ce succès en exploitant leurs terroirs pour en tirer la meilleure expression possible.
Alors, pourquoi le pinot noir peut-il se targuer d’être un sérieux prétendant au titre de roi des cépages rouges en Belgique ? Voici quelques arguments solides :
Par exemple, dans des domaines comme le Château Bon Baron (Wallonie) ou le Domaine du Ry d’Argent, des cuvées de pinot noir expriment parfaitement l’identité belge : une fraîcheur affirmée, une structure délicate et une finale persistante. Ces bouteilles ont su convaincre des sommeliers et des critiques lors de concours internationaux.
Néanmoins, déclarer le pinot noir comme roi des rouges belges serait hâtif. D'autres cépages rouges montent également en puissance, et certains d'entre eux trouvent dans notre climat des conditions particulièrement favorables.
Parmi les challengers au trône, citons le dornfelder, un cépage d'origine allemande. Grâce à son aptitude à mûrir dans des climats froids et sa vigueur, il gagne en popularité, notamment en Flandre. Les vins à base de dornfelder présentent souvent des couleurs intenses, des tanins plus prononcés et des saveurs riches de fruits rouges et noirs.
Le regent, cépage résistant et facile à mener, se fait aussi une place de choix, surtout dans une démarche de viticulture biologique ou durable. Ce cépage est apprécié pour ses capacités à produire des rouges fruités avec des touches épicées.
L’approche multisectorielle des domaines belges, qui tendent à diversifier leurs cépages rouges, démontre bien qu’il reste difficile de plaider pour un candidat unique. Les consommateurs belges et étrangers apprécieront autant une sélection composée d’étiquettes variées que la perfection d’un perfectionnement unique autour du pinot noir.
Si cet article vous a donné envie d'explorer le pinot noir de Belgique, voici quelques conseils pour en apprécier toute la subtilité :
Le pinot noir possède indéniablement des atouts qui en font un candidat de premier choix pour représenter la production de vins rouges belges. Sa capacité à se démarquer par une élégance et une profondeur qu’on retrouve rarement ailleurs dans nos terroirs renforce son attrait. Mais il serait injuste de négliger les autres cépages rouges qui s’épanouissent également ici. En fin de compte, le véritable roi des rouges belges pourrait bien être la diversité elle-même.