31/05/2025

Comment évolue la répartition des vignobles en Belgique ?

Une répartition autrefois modeste : les premières racines du vignoble belge

Historiquement, le vin belge a planté ses premières racines dès le Moyen Âge. Les abbayes, notamment celles de la région de Liège, cultivaient la vigne pour la production de vin liturgique et de consommation locale. Cependant, avec le Petit Âge glaciaire et l’amélioration des systèmes de transport permettant l’importation de vins français et allemands, la vigne belge a presque disparu. Ce n’est qu’au XXᵉ siècle, dans les années 1970 et 1980, que l’on a vu apparaître les prémices du renouveau viticole belge.

Ces premiers vignobles modernes ont surtout vu le jour en Wallonie, où les conditions géologiques étaient favorables. Citons par exemple le vignoble du Clos Bois Marie, fondé en 1963 à Huy (province de Liège), souvent considéré comme le début d’une nouvelle ère pour la viticulture en Belgique. La superficie totale de vignes en Belgique restait néanmoins alors très limitée, n’atteignant que quelques dizaines d’hectares à la fin du XXᵉ siècle.

Une croissance à deux visages : Wallonie et Flandre

Aujourd’hui, le vignoble belge couvre plus de 600 hectares répartis entre les deux principales régions du pays, la Flandre et la Wallonie. Cette répartition géographique est le résultat à la fois de choix historiques, de conditions naturelles et des spécificités culturelles de chaque région.

Les vignobles wallons : une expansion liée aux sols calcaires

La Wallonie, représentant environ 60 % des surfaces viticoles belges, dispose d’un véritable atout naturel : ses sols calcaires, comparables à ceux que l’on peut retrouver en Champagne ou en Bourgogne. Cette ressource unique est particulièrement présente dans des régions comme la vallée de la Meuse ou le Condroz. En outre, la culture vinicole s’inscrit dans une tradition locale où les terres agricoles jouent un rôle clé. Les sous-régions phares de Wallonie incluent :

  • La vallée de la Meuse, autour de Liège et de Namur, où se situent plusieurs vignobles réputés comme le Domaine du Chenoy ou le vignoble de Vin de Liège.
  • Le Pays des Collines, où le microclimat légèrement plus doux favorise l’implantation de cépages variés.
  • Le Brabant wallon, avec des productions prometteuses sur des terrains bien exposés.

L’essor des vignobles en Wallonie a entraîné la création de plusieurs AOP (Appellations d’Origine Protégée), comme celle des Côtes de Sambre et Meuse, devenues un synonyme de qualité pour les amateurs de vin belge.

Les vignobles flamands : un climat favorable et une ambition audacieuse

La Flandre, de son côté, ne se laisse pas distancer. La région représente environ 40 % des vignobles belges, avec des zones viticoles bien identifiées. Ici, ce sont les sols sablonneux et l’influence climatique maritime qui apportent un coup de pouce à la viticulture. La Flandre occidentale et orientale se distinguent particulièrement.

Parmi les zones notables en Flandre, on retrouve :

  • La région du Limbourg, avec le vignoble du Wijndomein Aldeneyck, situé près de la frontière néerlandaise et connu pour ses vins blancs élégants à base de pinot gris et riesling.
  • Le Brabant flamand, où les vignobles proches de Bruxelles, comme le Wijnkasteel Genoels-Elderen, produisent de remarquables vins effervescents dignes des grandes maisons champenoises.

Les producteurs flamands misent aussi beaucoup sur l’innovation, que ce soit à travers l’adoption de cépages résistants ou la recherche sur les fermentations spontanées, reflétant l’aspect avant-gardiste de la région.

Une expansion soutenue par le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique joue un rôle paradoxal dans cette évolution. Alors qu’il pose de sérieux problèmes aux vignobles traditionnels européens, il offre une nouvelle opportunité aux vignobles plus septentrionaux, comme en Belgique. Les températures en augmentation permettent désormais de cultiver des cépages qui, auparavant, avaient du mal à parvenir à maturité.

En Belgique, cette tendance favorise non seulement les cépages classiques comme le chardonnay ou le pinot noir, mais aussi les variations résistantes comme le solaris ou le johanniter, qui connaissent actuellement un engouement croissant.

Un marché prometteur : entre exportation et consommation locale

Avec une production annuelle dépassant désormais les deux millions de bouteilles, les vins belges ne sont plus seulement une niche locale. Si une grande partie de la production est consommée sur place, de nombreuses exploitations cherchent également à s’exporter. Les marchés limitrophes comme les Pays-Bas et l’Allemagne représentent des débouchés naturels. Quelques bouteilles font même leur chemin jusqu’aux tables étoilées françaises, preuve que la qualité belge est reconnue à l’international.

Cette demande croissante pousse les vignerons à étendre leurs plantations, d’où une évolution constante de la répartition des vignobles. De plus, des aides européennes et des soutiens régionaux encouragent les projets viticoles, rendant l’installation dans le secteur plus accessible que jamais.

La répartition future : vers de nouveaux horizons viticoles ?

Avec l’expansion actuelle, des zones jusqu’ici peu exploitées pourraient devenir des terrains de jeu pour la viticulture belge. Par exemple, certaines régions hesbignonnes, dans le Hainaut, bénéficient d’un climat similaire aux zones viticoles voisines des Hauts-de-France et pourraient bientôt entrer sur la carte.

Autre tendance intéressante : l’explosion des micro-vignobles urbains. À Bruxelles ou dans des communes limitrophes, quelques passionnés n’hésitent plus à planter de petits vignobles dans des terrains improbables. Ces projets, souvent portés par des valeurs écoresponsables, enrichissent encore davantage le paysage viticole belge.

Le défi consistera toutefois à maintenir un équilibre entre qualité et quantité. Avec la demande croissante et la diversification géographique, les producteurs belges ne pourront pas transiger sur l’excellence qui caractérise déjà de nombreux vins du pays.

Votre prochain verre : explorez le visage viticole de la Belgique

La répartition des vignobles en Belgique évolue au gré des ambitions des vignerons, des avancées environnementales et de la passion des consommateurs. Que vous soyez amateur de bulles raffinées ou de rouges bien structurés, il y a fort à parier que vous trouverez votre bonheur dans ce panorama viticole en pleine mutation. Alors, pourquoi ne pas visiter quelques domaines lors de votre prochaine escapade ? À coup sûr, un verre de vin belge accompagné de son histoire vous laissera un excellent souvenir.

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