Quels cépages belges peuvent résister aux changements climatiques ?

Les impacts du changement climatique sur les vignobles belges

Avant de se concentrer sur les cépages, il est crucial de comprendre comment les changements climatiques affectent les vignobles. En Belgique, où le climat était traditionnellement frais et humide, l’augmentation des températures a paradoxalement ouvert des opportunités pour la viticulture. Dans les années 1980, la Belgique ne comptait que quelques hectares de vignes ; aujourd’hui, elle en totalise plus de 600, avec des productions qui ne cessent de gagner en qualité.

Mais ces progrès ne doivent pas faire oublier les défis. Voici quelques-uns des principaux impacts des bouleversements climatiques sur les vignobles belges :

• Une floraison avancée : Avec des printemps plus précoces, les plantes se développent plus tôt, ce qui peut les exposer à d’éventuelles gelées tardives.
• Des périodes de sécheresse estivales : Bien que cela reste rare en Belgique, ces épisodes pourraient s’intensifier, stressant les vignes et perturbant leur capacité de fructification.
• La prolifération de maladies : Les variations d’humidité et de température favorisent certaines maladies fongiques, comme le mildiou ou l’oïdium.
• Des vendanges déplacées : En moyenne, les vendanges ont aujourd’hui lieu 15 à 20 jours plus tôt qu’il y a 50 ans, ce qui modifie le calendrier de travail des vignerons.

Ces observations montrent l’importance pour les viticulteurs belges de sélectionner des cépages capables de s’adapter, aussi bien aux périodes chaudes qu’aux fluctuations climatiques imprévisibles.

Les cépages traditionnels : peuvent-ils résister ?

La Belgique utilise traditionnellement des cépages adaptés aux climats froids, comme le pinot noir, le chardonnay, le riesling ou encore l’auxerrois. Ces cépages, très répandus en Wallonie et en Flandre, restent dominants grâce à leur capacité à mûrir dans des régions moins ensoleillées, tout en offrant un excellent équilibre aromatique.

Cependant, face aux changements climatiques, certains d’entre eux pourraient être mis en difficulté :

• Le pinot noir : Réputé pour sa sensibilité, il peut souffrir des vagues de chaleur et des précipitations excessives, qui impactent la qualité des baies.
• Le riesling : Malgré sa robustesse et son acidité naturelle, il pourrait souffrir de pertes d’arôme dans un contexte de réchauffement.

Ainsi, bien que ces cépages fassent partie de l’identité viticole belge, les viticulteurs doivent parfois leur associer d’autres variétés mieux adaptées aux conditions futures.

Les cépages hybrides : une réponse au défi climatique ?

Un mot revient souvent dans la bouche des vignerons belges ces dernières années : les cépages hybrides. Croisements entre variétés traditionnelles (vitis vinifera) et cépages résistants provenant d’autres sous-espèces de vigne, ces hybrides présentent des atouts non négligeables dans un contexte climatique incertain :

• Résistance aux maladies : Nombre de cépages hybrides, comme le solarïs ou le muscaris, sont naturellement résistants au mildiou et à l’oïdium.
• Adaptabilité aux extrêmes climatiques : Ces cépages supportent mieux les périodes de sécheresse ou d’humidité excessive.
• Précocité : Leur cycle de maturation court permet de devancer les gelées automnales éventuelles.

Voici des exemples précis de cépages hybrides déjà largement implantés en Belgique :

• Solaris : Capable de produire des vins blancs fruités et équilibrés, il tolère bien des variations climatiques importantes et affiche une excellente résistance aux maladies.
• Regent : Populaire pour les vins rouges, il supporte les climats plus chauds et a une résistance accrue au mildiou.
• Johanniter : Très apprécié pour les effervescents, il donne des vins frais avec une certaine acidité naturelle, même dans des conditions plus chaudes.

Ces cépages hybrides, souvent perçus comme des solutions modernes et durables, permettent aux vignerons de maintenir un rendement de qualité dans des conditions difficiles.

Les avantages du réchauffement climatique pour le vin belge

Le réchauffement climatique n’offre pas uniquement des inconvénients. Curieusement, certaines évolutions climatiques jouent en faveur du développement du vin belge :

• Une meilleure maturation : Les étés plus chauds favorisent la concentration des sucres et des arômes dans les raisins, permettant de produire des vins plus équilibrés, notamment pour le pinot noir ou le chardonnay.
• Un développement accru des effervescents : La production de vin pétillant belge est en plein essor, grâce à une alliance idéale entre acidité et douceur.

Cependant, pour tirer profit de ces opportunités, une vigilance constante s'impose : le choix des cépages, des porte-greffes et des techniques de vinification devra s’inscrire dans une démarche durable et adaptée.

Vers un avenir durable : d’autres pistes d’adaptation

Outre le choix des cépages, d’autres stratégies d’adaptation se dessinent pour réduire l’impact des changements climatiques et préserver un vin belge de qualité :

• L’utilisation de techniques agricoles innovantes, comme la gestion raisonnée de l’irrigation ou la plantation de haies pour protéger les vignes des vents extrêmes.
• La diversification des cépages pour limiter les risques liés aux maladies ou aux événements climatiques imprévisibles.
• L’adoption de pratiques de viticulture biologique ou biodynamique, qui renforcent naturellement la résilience des sols et des vignes.

Un défi à relever, des opportunités à saisir

Face aux changements climatiques, le paysage viticole belge est en pleine mutation. Si les perturbations actuelles représentent un défi, elles offrent également une occasion unique de réinventer la viticulture de notre pays, en conciliant qualité et durabilité. En accueillant de nouveaux cépages, en exploitant des stratégies innovantes et en valorisant nos terroirs, la Belgique peut non seulement relever les défis climatiques, mais aussi confirmer sa place émergente dans la carte mondiale des vins. Alors, la prochaine fois que vous déboucherez une bouteille, n’hésitez pas à savourer cet effort collectif et cette adaptation courageuse des vignerons belges au fil des millésimes.