01/10/2025

Panorama des styles de rosé en Belgique : du sec tendu au fruité enchanteur

Le rosé belge : une histoire récente mais déjà prometteuse

La Belgique, bien qu’officiellement viticole depuis seulement quelques décennies, a déjà su démontrer sa capacité à innover, notamment dans la production de rosés. Si le volume reste modeste face aux géants français ou italiens, la variété de styles est étonnante. En 2023, près de 160 hectares (chiffres SPF Économie) étaient consacrés à la vigne, dont une part croissante pour les vins rosés, en particulier en Wallonie, où la production augmente de 12% par an depuis 2018 (Statbel). Une montée en gamme portée par des vignerons audacieux qui misent sur la fraicheur, la finesse et l’identité des cépages adaptés à notre climat.

Les cépages du rosé belge : un atout de diversité

C’est l’un des grands atouts du vignoble belge : la diversité de ses cépages, qui se ressent pleinement dans les rosés. On retrouve régulièrement :

  • Pinot noir – Le grand classique des climats frais ; il offre des rosés élégants, aux arômes délicats de groseille et de fraise, parfaitement équilibrés entre tension et fruit.
  • Dornfelder – Cépage d’origine allemande, il assure couleur soutenue, générosité fruitée et une touche poivrée typique.
  • Regent – Résistant et précoce, il apporte fraîcheur et notes florales voire épicées, avec une bouche gourmande et accessible.
  • Acolon, Rondo – Moins connus, ces cépages hybrides donnent des rosés structurés, presque “gastronomiques”, avec de la matière, parfaits pour la table.
  • Gamay et Cabernet Cortis – Quelques hectares seulement, mais utilisés pour des expérimentations, souvent en assemblage, pour complexifier la palette aromatique.

Selon les chiffres de l’Association des Vignerons Belges (2022), environ 30% de la surface rouge plantée sert à élaborer du rosé, un taux nettement supérieur à la plupart des régions septentrionales d’Europe.

Trois grandes familles de rosés belges

En Belgique, comme ailleurs, le style d’un rosé dépend avant tout du choix des raisins, de la méthode de vinification et de la vision du vigneron. Voici un aperçu des trois grands styles que l’on retrouve sur nos coteaux.

1. Rosé sec et tendu : la fraîcheur du Nord

La majorité des rosés belges affichent une belle droiture, caractéristique des climats peu solaires. Le style “sec” est recherché, avec peu de sucres résiduels (souvent < 2g/L). Les arômes jouent sur la nervosité :

  • Fruits rouges croquants : groseille, framboise, fraise des bois
  • Une pointe d’agrume ou de zeste (pamplemousse, citron)
  • Une bouche légère, rafraîchissante, minérale

Ce style s’exprime magnifiquement dans certaines cuvées du Domaine du Chenoy (Namur) ou du Clos d’Opleeuw (Limbourg). Ces vins sont parfaits à l’apéritif, mais aussi avec des mets délicats comme des carpaccios de poisson ou des salades estivales.

2. Rosé fruité : gourmandise et rondeur

Certaines années plus chaudes, ou dans des parcelles bien exposées, les rosés belges gagnent en intensité fruitée. Ils rappellent parfois les rosés de Provence, mais sur un registre plus vif :

  • Fraise mûre, cerise rouge ou groseille à maquereau
  • Texture souple et bouche soyeuse, mais toujours dotée d’une belle vivacité
  • Une finale sur le fruit, souvent persistante et rafraîchissante

Des exemples ? Le “Rosé de Zétrudje” du Hageland (Vlaams-Brabant) ou la cuvée fruitée du Château Bon Baron (Dinant), qui font la part belle à la gourmandise tout en restant digestes. À signaler aussi : certains rosés effervescents, notamment en Méthode Traditionnelle, développent un fruité complexe amplifié par la bulle.

3. Rosé gourmand, puissant, à partager à table

Moins courant mais bien réel, ce troisième style apparaît chez quelques vignerons qui pratiquent une macération plus poussée, ou utilisent certains cépages comme le Rondo ou le Dornfelder.

  • Couleur soutenue, lèvres cerise ou framboise intense
  • Des notes épicées (poivre, clou de girofle), parfois même une trame tannique discrète
  • Corpulence supérieure, parfaite pour accompagner des mets relevés : grillades, cuisine méditerranéenne, jambon à l’os

Le Domaine du Ry d’Argent (Namur) propose régulièrement ce type de rosés, à la fois “de dégustation” et d’accompagnement gastronomique.

Vinifications et particularités : le secret derrière la couleur

En Belgique, la vinification du rosé se fait le plus souvent par saignée (brève macération des peaux), ou par pressurage direct, pour obtenir fraîcheur et couleurs pâles. Cette attention particulière à l’équilibre coloré tient à la volonté de certains producteurs de s’éloigner des clichés du “rosé bonbon”, pour viser des vins de terroirs plus élégants.

À noter : la tendance des dernières années va nettement vers des rosés plus pâles, inspirés de la Provence, mais sans copier. Selon un article de L’Avenir, la proportion de rosés à la robe claire a bondi de 40% à 75% des mises en bouteille entre 2015 et 2022.

Quelques particularités belges :

  • L’acidité naturelle reste plus élevée qu’au Sud et fait la signature de nos rosés
  • La faible teneur en alcool (souvent entre 11,5 et 12,5% vol.) renforce la buvabilité
  • Des essais d’élevage en amphore ou en barrique voient le jour, sur micro-cuvées

Accords mets & rosés belges : bien plus qu’un simple apéritif

Le rosé belge, grâce à sa diversité, s’invite aujourd’hui à table avec aisance. Voici quelques associations gourmandes adaptées aux styles évoqués :

  • Rosé sec : crustacés, ceviche, fromages frais de chèvre, asperges blanches
  • Rosé fruité : charcuteries fines, tajines de légumes, salades composées estivales
  • Rosé gourmand : BBQ, brochettes, volailles marinées, plats épicés thaïlandais ou indiens

Et côté desserts ? Les rosés effervescents accompagneront à merveille une tarte aux fraises bien de chez nous ou une mousse de fruits rouges.

Quelques domaines et cuvées emblématiques à découvrir

Voici une sélection de domaines et cuvées représentatifs de la richesse des rosés belges :

  • Domaine du Chenoy (Namur) – Cuvée Rosé, typicité et précision
  • Château Bon Baron (Dinant) – Rosé Fruité, signature du Meuse
  • Domaine W – Assemblage effervescent, modèle de fraîcheur
  • Wijndomein Zilver Cruys (Flandre Orientale) – Rosé très pâle, style provençal nordique
  • Domaine du Ry d’Argent – Rosé Gourmand, pour accompagner vos grillades

Pour approfondir : consultez les guides spécialisés de Vino (Source : Vino.be) ou le panorama annuel de l’Association des Vignerons de Wallonie.

Entre innovation et affirmation : la voie singulière des rosés belges

Loin de se contenter d’une simple “mode estivale”, le rosé belge s’impose aujourd’hui comme une expression à part entière de notre terroir. Polyvalent, souvent vif mais de plus en plus diversifié, il commence à séduire au-delà des frontières, à l’image de la médaille d’or décrochée par la cuvée rosé du Domaine de la Falize au Concours Mondial de Bruxelles 2023.

Que l’on préfère la tension rafraîchissante, la rondeur fruitée ou la générosité gourmande, il y a un rosé belge pour chaque palais (et pour chaque saison). Alors, pourquoi ne pas se laisser surprendre par la créativité de nos vignerons ? Il y a fort à parier que dans les prochaines années, les rosés des Coteaux de Belgique continueront d’étonner… et de gagner le cœur des amateurs.

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