07/10/2025

Rosé belge : routes et adresses pour savourer la fraîcheur de nos coteaux

Panorama des rosés belges : un style en pleine évolution

En Belgique, la production de rosé reste marginale au regard des blancs et effervescents, mais elle progresse, avec une part estimée autour de 10 % de l’ensemble des vins issus de nos vignobles (source : VZW Belgische Wijnbouwers, 2022). Les cépages phares ? Pinot noir et Regent en tête, suivis du Dornfelder, Acolon, et dans une moindre mesure du Gamay ou du Cabernet Cortis. Leur adaptation au climat frais et à la recherche de vins plus digestes a façonné un profil de rosés frais, souvent pâles, axés sur la finesse et l’élégance, très loin de certains rosés saturés de sucre que l’on retrouve parfois sur d’autres latitudes.

  • Couleur : La tendance va vers des rosés clairs, à la robe saumon, parfois presque pelure d’oignon, héritée des techniques bourguignonnes ou champenoises.
  • Bouche : On retrouve généralement des notes de petits fruits rouges, une acidité rafraîchissante, rarement plus de 12 % d’alcool, pour une buvabilité maximale.
  • Styles : Dry, fruité, parfois légèrement perlant ou vinifié sous bois pour plus de structure.

Cette diversité se retrouve aussi dans la gamme de prix, qui débute autour de 8-10 €/bouteille pour les cuvées les plus accessibles, et peut grimper au-delà de 20 € pour des micro-cuvées travaillées manuellement et vieillies en fût (données : Vinbelge.be).

Déguster in situ : les meilleures adresses dans les vignobles belges

Pour apprécier un rosé à sa juste valeur, rien ne remplace la visite sur place, là où la vigne prend racine. Voici une sélection de domaines de référence pour vivre une expérience complète autour du rosé belge.

Wallonie : sur les terres du rosé frais

  • Vignoble des Agaises (Ruffus) – Haulchin (Hainaut) :

    Si le Domaine du Chant d’Eole est surtout connu pour ses bulles, c’est le Vignoble des Agaises qui tire son épingle du jeu avec un Rosé Brut de Pinot Noir. Plus de 10 hectares où la vendange manuelle et le pressurage doux signent des vins au fruit subtil. Le caveau accueille les visiteurs sur réservation pour des dégustations commentées, parfaites pour comprendre la singularité des rosés wallons.

  • Domaine du Chenoy – Emines (Namur) :

    Ce pionnier, créé en 2003, s’est illustré avec un Rosé “Cuvée 1610” (Regent et Pinotin), souvent récompensé en concours. Le domaine organise des dégustations les week-ends et visites guidées en saison (infos : chenoy.com).

  • Domaine du Ry d’Argent – Bovesse (Namur) :

    Outre ses blancs réputés, le Ry d’Argent propose un rosé croquant à base de Regent, idéal à boire sur place en terrasse l’été. L’accueil y est convivial, avec vue sur les vignes.

Flandre : rosés innovants du Nord

  • Domein Hoenshof – Borgloon (Limbourg) :

    Ce domaine familial, planté principalement en Acolon, Pinot noir et Dornfelder, élabore l’un des rosés les plus recherchés du pays. Son “Rosé van Acolon” allie intensité aromatique et fraîcheur saline, clin d’œil au terroir limoneux du Haspengouw.

  • Wijndomein Entre-Deux-Monts – Heuvelland (Flandre-Occidentale) :

    Au pied du Mont Rouge, dans un paysage quasi bourguignon, le rosé “Rodeberg Rosé” se distingue depuis plusieurs millésimes. Le domaine accueille régulièrement des dégustations thématiques et visites de cave, sur réservation (infos : entre-deux-monts.be).

  • Domein de Wijngaardsberg – Riemst (Limbourg) :

    Avec son microclimat et ses cépages de Pinot noir, ce domaine propose un rosé à la belle tension, qui séduit les amateurs lors de dégustations estivales en terrasse.

Bars à vins et restaurants : la révolution rosé belge à la carte

À défaut d’arpenter chaque coulée de vigne, certains établissements mettent le rosé belge à l’honneur, pour un accord mets-vins ou un apéritif hors du commun.

  • L’Athénée Bar à Vins – Liège :

    Connue pour ses sélections pointues et sa carte dédiée aux vins locaux, ce bar propose régulièrement des rosés wallons et flamands au verre ou à la bouteille, accompagnés de planches mettant en valeur les produits du terroir belge.

  • La Table de Manon – Bouillon :

    Parmi la fine fleur des établissements gastronomiques, la sommelière n’hésite pas à intégrer des rosés de Chenoy, Agaises ou Rijckaert et à proposer des accords délicats avec poisson de rivière ou charcuteries fines.

  • Le Wijnbar ONA – Gand :

    Cette adresse progressiste invite à découvrir des rosés bio et nature de Flandre-Orientale, dans un cadre urbain décontracté.

Certains cavistes s’engagent aussi pour la visibilité du rosé belge, comme Le 27 Vins (Uccle), réputé pour ses soirées dégustation thématiques, ou Brut Vinotheek (Malines), qui offre un espace de découverte et de conseils pointus.

Salons, fêtes et événements œnotouristiques : le rosé belge à l’honneur

Pour goûter au meilleur des rosés belges tout en rencontrant leurs créateurs, quelques rendez-vous annuels s’imposent.

  • Journée Portes Ouvertes des Vignerons wallons (fin mai) :

    De nombreux domaines ouvrent leurs portes à cette occasion, souvent avec des cuvées spéciales en avant-première. Le rosé, star de la saison, s’y dévoile lors de dégustations conviviales.

  • Festival du Vin Belge – Wavre (juillet) :

    Plus de 40 producteurs, rosés compris, font découvrir leurs dernières créations. Ateliers accords avec fromages locaux et animations sont au rendez-vous (source : vinburghfestival.be).

  • Rosé in the Park – Bruxelles (début juillet) :

    Biennal, ce festival met exclusivement à l’honneur le rosé belge, dans une ambiance festive et pédagogique, à tester absolument pour dénicher des pépites en compagnie des vignerons.

Côté chiffres, la fréquentation de ces événements progresse de 30 % par an selon œuvinbelge.be, preuve de l’engouement nouveau pour le vin rosé local.

Dégustation : styles et conseils pour apprécier le rosé belge

Pour (re)découvrir le rosé belge dans les meilleures conditions, quelques repères s’imposent :

  1. Servez frais, mais pas glacé : entre 10 et 12°C pour préserver les arômes sans “casser” la texture.
  2. Privilégiez les jeunes millésimes (sauf rares exceptions en élevage sur lies ou barrique).
  3. Accords idéaux : poissons fumés, salades estivales, barbecue, fromages frais – et pourquoi pas des spécialités locales comme le Herve ou une truite ardennaise en gravlax.

Petit détail : de plus en plus de rosés sont élaborés selon des principes bio ou en viticulture durable, avec un taux de sulfites limité, renforçant leur fraîcheur (sources : VZW Belgische Wijnbouwers, Inter Rhône Belgique).

À la découverte du rosé belge : une expérience vivante et locale

Le rosé belge n’a jamais été aussi enthousiasmant à découvrir. Entre la Wallonie, qui s’impose sur la finesse et la fraîcheur, et la Flandre, où l’on ose souvent des assemblages originaux, chaque dégustation se transforme en voyage sensoriel. Saisir cette diversité, c’est aussi soutenir le dynamisme d’une filière viticole qui, en moins de deux décennies, est passée de la confidentialité à la reconnaissance régionale. Et au-delà des tendances, le succès des rosés belges se mesure à l’enthousiasme des consommateurs et à la créativité des vignerons, toujours plus enclins à ouvrir leurs caves et à partager ce pan méconnu du patrimoine gourmand du pays.

Faire le choix du rosé belge, c’est s’offrir des sensations nouvelles et une rencontre avec une viticulture d’avenir. L’aventure ne fait que commencer !

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